« Rien de grand ne se fait sans passion » (Francis Bouygues)
De cette maxime, Alain Rousseau a fait son miel. Et ce ne sont pas les passions qui lui ont manquées durant toute son existence. Il a tout d’abord effectué des études d’Humanités artistiques en Belgique qui lui ont fait découvrir l’art et la décoration. Mais son père, ingénieur, ne l’entendait pas de cette oreille et tenait absolument que son fils embrasse une carrière « sérieuse » dans une activité rationnelle comme la sienne. Finies donc les rêveries du promeneur solitaire, le nez au vent qui humait les éthers de la création artistique et qui dû donc se consacrer à des destinées moins esthétiques et travailler dans une société digne de ce nom.
Il expurgera quand même, avant d’entrer dans la vie active, ce besoin de créer et de peindre qu’il avait en lui en peignant juste avant son service militaire une trentaine de tableaux « défis à son père » avant de raccrocher les pinceaux pendant quarante ans.
Son diplôme en poche il va donc commencer à travailler dans le bâtiment et les travaux publics, puis chez Bouygues, à cette époque le leader mondial du bâtiment et des travaux publics qui construit presque partout dans le monde. Il y rencontrera régulièrement le fondateur Francis Bouygues, un ingénieur de grande école ayant réussi dans ce secteur d’activité et celui-ci lui fera découvrir à la fin de sa carrière une facette inattendue d’un ingénieur rationaliste, sorte de pied de nez à son père, puisque sa passion secrète était le septième art auquel il consacrera avec une certaine réussite la fin de sa carrière. Alain Rousseau poursuivra ensuite sa carrière dans des grands groupes internationaux en sillonnant le monde après un passage dans la première chaîne de télévision française, TF1.
Il considère modestement qu’il y a des similitudes entre les approches de Francis Bouygues et les siennes puisque lui aussi, après une carrière bien remplie de Directeur des Ressources Humaines dans des grandes sociétés internationales, il montrera la face cachée de sa personnalité rationaliste, à savoir l’art et la peinture à laquelle il s’adonne maintenant avec bonheur et passion. A vrai dire elle ne l’a jamais abandonné, mais il a dû se contenter pendant longtemps, vie professionnelle oblige, de courir les galeries et les ventes aux enchères pour voir défiler devant ses yeux les œuvres des autres.
Le destin allait bientôt lui faire un clin d’œil et lui donner l’occasion de se consacrer à sa passion. Arrivé en fin de carrière professionnelle, l’envie de peindre le démangeant, il s’était immédiatement inscrit à Strasbourg au cours de peinture de Sylvie Weber et ensuite de Pascal Antony, un peintre français vivant en Allemagne qui avait fait son écolage chez le peintre italien Primo Conti de l’Academia di bella arti à Florence et chez qui défilaient beaucoup d’artistes étrangers. Il en profitera pour participer à des expositions à Paris et à Strasbourg pendant cinq ans.
En 2008, sa femme, chinoise avec laquelle il est marié depuis vingt ans et qui est originaire du Sichuan, souhaiteras profiter de la fin d’activité de son mari pour quitter la France et revenir auprès de ses parents qui habitent Chengdu afin de les accompagner dans leur fin de vie. Alain Rousseau n’hésiteras pas longtemps avant d’accepter car il vient en Chine depuis très longtemps (1981) et en général il s’y sent bien. Il apprécie la culture et l’histoire de la Chine ainsi que la gastronomie chinoise, et il sait qu’en la matière Chengdu ne le décevra pas.
Il va donc s’installer à Chengdu en alliant les cours de français qu’il donne à l’Université Normale du Sichuan tout d’abord , puis des cours de spécialité à l’Université du Sichuan, à l’exercice de sa passion, la peinture, à laquelle il s’adonne avec frénésie. Et c’est là qu’il se libère vraiment des contraintes qu’ont tous les élèves avec la peinture, savoir créer sans coller aux modèles des grands maîtres. Il compare un peu maintenant la situation de ses débuts, à celle de la petite barque collée à un grand paquebot dont la taille lui paraissait si énorme, comme les grands peintres ; et puis avec le temps en s’éloignant de celui-ci ce paquebot devient un petit point sur l’horizon et il passe de modèle incontournable à simple référence.
Depuis 2008 il a appris à connaître son environnement séchuanais et se fond depuis huit ans parmi le peuple qu’il côtoie dans tous ses déplacements qu’il fait en autobus pour se mêler à sa vie. Il est aussi en parfaite osmose avec les artistes qu’il rencontre à Chengdu depuis qu’il est membre de l’Association des artistes de Chengdu. Il se dit porté par l’ambiance trépidante qui règne dans la ville qu’il voit changer au jour le jour et les havres de paix que représentent les nombreuses maisons de thé où se cultive si bien l’art de Chengdu de jouir de la vie et du temps en sirotant un des nombreux thés verts tout en grignotant quelques amuse-gueule. A ce moment les instants filent comme le sable entre les doigts et le temps s’égrène en toute sérénité. A vrai dire, il avoue que quand il dit de retour d’un voyage: « je rentre chez moi », il ne parle plus de la France mais de Chengdu.
Il admet aussi que le fait de vivre en Chine, de regarder les travaux des peintres chinois (sur la chaîne en continu sur l’art à la télévision) et les quelques cours de peinture traditionnelle chinoise pris avec un vieux maître à Chengdu en son temps l’influencent positivement dans sa création. Il sent que ses créations sont appréciées tant des chinois que des occidentaux qui lui ont achetés ses tableaux.
Comme il le dit enfin, il ne lui reste plus maintenant que deux choses à atteindre en Chine, mettre en pratique la devise du grand collectionneur sino-indonésien Budi Tek à savoir : « Croire, espérer, aimer », et alors que son nom, Rousseau, est déjà célèbre dans le monde entier (l’écrivain Jean Jacques Rousseau, le peintre Henri Rousseau dit « le douanier » et Théodore Rousseau peintre fondateur de l’Ecole de Barbizon), il lui reste à réussir à se faire un prénom.
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